Tandem

0ctobre 2020, entre deux confinements, je retrouve mon ami Jean-Michel Payet.
Il fait frisquet et la plupart des salons de thé sont fermés because Covid, on s’est repliés dans une boulangerie qui offre quelques tables.
— Ça manque d’air cette affaire.
— Besoin de grands espaces.
— De liberté.
— Envie d’immensité.
— Envie de chevaux et de colts.
— Ouaip, un truc âpre.
— Un truc qui râpe.
— Et si on écrivait un western ?
— Chiche.
La phrase est tombée derrière nos masques, ôtés juste le temps de gober une cuillerée de Paris-brest.

Quelques jours plus tard, je reçois par la poste une enveloppe aquarellée au contenu mystérieux. Une joie électrique.

© Image Jean-Michel Payet

Des fragments de mots découpés dans de vieux livres, qui chatouillent aussitôt mon imaginaire.
J’écris tout de go les premières lignes d’un chapitre. Le roman à quatre mains est lancé.
Très vite, le tricot s’emballe.
Avec Jean-Michel, la confiance est totale. C’est qu’on a déjà sacrément baroudé ensemble, avec l’aventure blue Cerises, Talam, Dans la tête de Monsieur Adam. Mais cette fois-ci, on pousse l’affaire plus loin. Beaucoup plus loin. Pas d’alternance de chapitre, non, les écritures se mêlent, se croisent, se tissent, parfois au beau milieu d’un paragraphe. On écrit dans les pas de l’autre, les souffles vont à l’amble. On malaxe la même glaise avec délice, les personnages sont des golems que l’on anime ensemble.
Chacun attend les mots de l’autre avec une gourmandise de môme. On se surprend, on s’étonne, on jubile. Le doux privilège d’être aux premières loges de la création, acteur-spectateur tout à la fois.

On vous reparlera bientôt de ce projet-là…

© Image Jean-Michel Payet