L’ombre du corbeau

La famille de Lil’ vient d’émigrer sur une île dans un endroit perdu où son père doit travailler durement à la mine. Madame Ouche leur loue une maison et leur permet de cultiver la terre autour. Mais chaque nuit, un mystérieux visiteur jette sur leur maison des pierres aux inscriptions étranges. Lil’ enquête.

Moi je lis n°280, Milan presse
Illustrations Phicil, couleurs de Drac

Le début :

— Encore un ! je dis.
— Qui nous en veut, à la fin ? grogne P’pa.
— C’est le quatrième, soupire Ma en chemise de nuit.
Depuis quelques nuits, à la ferme Ouche, on reçoit des cailloux.
La ferme Ouche, c’est l’endroit où on s’est installés, à notre arrivée sur l’Ile des Grandes Hélices.

On en a rêvé, de cette île.
Pour payer le billet du bateau et partir nous y installer, P’pa et Ma ont vendu la maison, les meubles, même leur chemise :
— Fini la misère, ce sera une nouvelle vie, le paradis !
Ma a eu le mal de mer toute la traversée. Grand-Pi a attrapé la scrolérite et on a eu peur d’être refoulés à la frontière. On est restés dix jours en quarantaine. Heureusement, il a fini par guérir. Après une visite médicale et un questionnaire musclés, on a enfin été autorisés à débarquer. On a traversé l’île en carriole vers l’Ouest. Des jours et des nuits dans le désert, avec pour seule compagnie, la lune ou l’ombre de quelques indiens Hirowaks.

À notre arrivée, P’pa a cherché du travail. Il n’a trouvé qu’à la mine. Les étrangers, on les envoie tous s’user là-bas.
— Le « paradis », hum ? a grogné Grand-Pi.
C’est là que la vieille Ouche, une fermière, a proposé de nous louer une bicoque en ruines à l’écart de la ville, derrière sa ferme, en échange de travaux.
— Depuis qu’mon fils Erbus est parti, j’ai pas la force d’la retaper tout’ seule. J’vous laisse le bout d’terre devant, si vous déblayez c’bazar.
— C’est un trou, j’ai marmonné. Il doit y avoir trois maisons dans le coin, et encore il faut une loupe…
— Même un mulot ne voudrait pas de ce terrier, a râlé Grand-Pi.
— Moi j’en veux, a déclaré Ma.
— La ferme, ce sera moins dur que la mine, a dit P’pa.
Alors on a retapé la bicoque.
Il y avait un bric à brac incroyable là-dedans. On l’a entassé dans un coin.
On était enfin tranquilles.
Jusqu’à ce que.
Les cailloux noirs ont commencé à tomber la nuit.
Et ce n’était pas des météorites.